Pour une histoire régionale - Réflexions Nord Pas de Calais décentralisation réforme territoriale

J'ai récemment acheté en librairie un petit ouvrage qui fait écho à mes préoccupations et qui s'intitule "Les chimis sont-ils des belges ?" de Jean-Louis Hardelin.

C'est un ouvrage d'histoire du Nord Pas de Calais, qui resitue notre région dans son contexte historique et géographique, à rebours d'une vision "franco-centrique" de l'histoire ou de la géographie qui nous afflige aujourd'hui d'une incongruité comme les Hauts de France...

Le premier constat est la méconnaissance des habitants de la région pour leur histoire, pour la singularité de territoires qui sont français d'assez fraîche date et qui partagent avec ceux de Belgique plus à l'est de nombreux traits communs. Ce sont ces traits communs que j'ai essayé depuis plusieurs mois dans ce blog de souligner comme autant d'évidences qu'on ne voit pas alors qu'elle sont juste sous notre nez !

Le deuxième constat est que notre région a une identité en partie "inconsciente" : on dit les chtimi pour parler des habitants du Nord (en excluant le nord du Nord) et pas les hopla pour parler des alsaciens ou les kenavo pour parler des bretons. C'est un paradoxe : le sentiment d'appartenance est très fort (81 % d'attachement au Nord-Pas de Calais dans un sondage de juillet 2014) mais le "à quoi" on appartient n'est pas vraiment défini, conceptualisé.

L'auteur propose du coup deux notions, la "Scaldie", le bassin de l'Escaut, qui est le fleuve-mère qui a assuré l'unification politique et économique des régions que celui-ci et ses affluents irriguaient et les "Pays-Bas" (méridionaux, catholiques, puis français). C'est plus significatif que le "Nord Pas de Calais" ou les "Hauts de France" !!

Il nous emmène dans une promenade historique de plus de vingt et un siècles, dans une histoire centrée sur notre région, qui fut belgo-romaine, franque et saxonne, lotharingienne, flamande, bourguignonne, habsbourgeoise puis française depuis 1713...

C'est ce passé qui a marqué ce qu'est aujourd'hui notre région qu'il nous incite à (re)découvrir et qui explique ce qu'elle est encore aujourd'hui : son dense semis de villes et de beffrois, sa bourgeoisie industrielle et entreprenante, son identité à la fois romane et "germanique", l'héritage culturel visible dans ses nombreux musées, la place du catholicisme, le tribut qu'elle a payé aux conflits militaires...

Voilà qui donne envie de découvrir et de partager la réalité d'une histoire qui ne connût pas Vercingétorix mais Ambiorix, François 1^er mais Charles Quint, et qui fut conquis par une puissance étrangère à la bataille de Bouvines ou de Denain...