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Le ch'ti mi atterré

40,64 %

8 Décembre 2015 , Rédigé par Rémi Matuszewski Publié dans #Politique régionale

909035 électeurs ont choisi, dimanche, de glisser un bulletin Marine Le Pen dans l’urne.

Ce scénario catastrophe pour notre Région était, hélas, attendu.

Ce premier tour des élections régionales s’est en effet joué dans le pire des contextes possibles pour les forces républicaines, et surtout pour la gauche à la tête de la Région depuis sa création en 1986.

  • L’état d’urgence et la situation exceptionnelle issue des attentats du 13 novembre, qui a focalisé l’attention de tous sur les thèmes sécuritaires qui ne sont pas de la compétence de la Région, mais qui se prêtent bien au jeu de la peur et des amalgames qui sont le propre du FN. L’état d’urgence n’empêchait-il pas le fonctionnement normal des institutions et la tenue d’élections sur la base d’un débat serein ?
  • Le bruit de fond médiatique qui a joué en faveur du Front National, conduisant sondages après sondage, à transformer cette campagne régionale en référendum pour ou contre Marine Le Pen.
  • La division de la gauche, avec une campagne inaudible et inutile des Verts en particulier.
  • La division du PS lui-même, mezzo voce, avec un silence assourdissant du Président sortant dans la campagne et un soutien très modéré d’une partie du PS du Nord opposée à Martine Aubry.
  • La politique nationale, bien sûr, qui a vu le président de la République choisir de nommer au gouvernement un homme qui « pèse » 7 % des sympathisants socialistes pour mener une politique qui prend à revers les convictions de nombre d’entre eux et fait de Marine Le Pen, à bon compte, « la » défenseure des classes populaires.
  • La fusion des Régions, qui a privé Pierre de Saintignon de faire valoir son bilan, dont les électeurs picards n’avaient que faire, et qui a affaibli les propositions « régionales » faute de sentiment de « vivre ensemble » sur le nouveau territoire. C’est un peu le même mécanisme qui avait pénalisé les conseillers généraux sortants aux dernières élections départementales avec le redécoupage cantonal…
  • L’excellence de la communication de Marine Le Pen, envoyant tour à tour messages tonitruants à destination du socle xénophobe de son électorat et messages rassurants à destination de tout un chacun sur un ton beaucoup plus social que celui de sa nièce en Provence Alpes Côte d’Azur. Parti attrape tout, le FN promet tout et son contraire, et… ça marche !

Ce qui s’est joué dimanche soir, une fois les résultats connus, enclenche le scénario le plus difficile pour le deuxième tour.

  • La division de la gauche, qui rassemblée aurait dépassé les voix de la droite unie derrière Xavier Bertrand (28,27 % des voix contre 24.96 % pour le candidat de la droite), n’a pas permis à Pierre de Saintignon de prétendre au leadership de l’opposition républicaine. A quelque chose le malheur est bon, dans la mesure où la position de « ni-ni », ni fusion, ni retrait, prônée par Nicolas Sarkozy aurait certainement conduit à un maintien de la droite et à une victoire assurée de Marine Le Pen.
  • Xavier Bertrand, avec sa posture de fermeture vis-à-vis des listes de gauche, et l’absence d’inflexion de son discours sur le fond par rapport à ses déclarations « musclées » du premier tour, rend beaucoup plus difficile le report des voix de gauches sur sa candidature, dans une stratégie de front républicain.
    Cette posture « idéologique » ne correspond pas à la vie démocratique telle que l’on peut l’observer dans la Région, où gauche et droite républicaine ont l’habitude de travailler en bonne intelligence et de s’unir, quand il le faut, pour la défense du développement de la Région. Pierre Mauroy à la Communauté urbaine de Lille, Martine Aubry à la Ville de Lille, Daniel Percheron au conseil régional, ou encore Philippe Rapeneau à la Communauté urbaine d’Arras ont toujours recherché le consensus sur les projets qu’ils portaient avec leurs « oppositions » républicaines ! Bref, une grande coalition n’aurait pas été, ici, contre-nature.

D’après les sondages réalisés, tant avant le premier tour qu’à la sortie des urnes, il n’y aurait qu’une petite moitié des électeurs de Pierre de Saintignon, de Fabien Roussel, de Sandrine Rousseau qui iraient déposer un bulletin Bertrand dans l’urne dimanche. 5 % pourraient même voter Marine Le Pen.

Or, il faut au minimum que plus des deux tiers des électeurs de gauche du premier tour se joignent au front républicain pour éviter la catastrophe et le déshonneur à notre Région.

Il faudra donc être les plus nombreux possible à se porter au deuxième tour sur la candidature de Xavier Bertrand.

Pourquoi le faire ?

  • Parce que l’arrivée de Marine Le Pen constituerait essentiellement pour elle, qui n’a jamais brillé par ses convictions régionalistes et par son enracinement local, un formidable tremplin pour l’élection présidentielle, son seul objectif.
  • Parce que son élection remettrait en question 30 ans de travail patient de redressement de la Région : ce qui nous guette n’est pas tant une mise en cause des valeurs de la république, qui n’aurait lieu qu’à la marge compte tenu des compétences régionales,
    • qu’un manque total de projet et de vision pour notre territoire,
    • qu’une dégradation forte de l’image - qui commençait à devenir positive - de la Région et de ses habitants,
    • et qu’un manque de soutien financier de l’Etat et de l’Europe dont notre Région a tant besoin.
  • Elle aboutirait à l’installation d’élus qui opposent, divisent la société régionale dans une région où l’on a besoin de réunir les énergies et de porter des projets collectifs. « Unis, les français sont invincibles », mon œil : Marine Le Pen plante le germe de la désunion entre français « de souche » ou de plus fraîche date, entre ruraux et habitants de la Métropole, entre picards et ch’tis, entre pauvres et « élites ».
  • Elle aboutirait à faire le choix d’une baisse illusoire de la pression fiscale dans une collectivité qui ne lève plus l’impôt et d’une gestion en « bon pépère » de famille au détriment du maintien et du développement des projets et du service public : le canal Seine Nord ? Il n’est… pas financé. Le réseau express du grand Lille ?… pas même évoqué !

Le choix de dimanche n’est rien d’autre que le choix entre :

  • la poursuite, avec d’autres convictions et d’autres priorités, d’une politique de développement de la Région,
  • et un mélange de médiocrité, de postures idéologiques et de discorde civile.
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