Les élections départementales, des élections locales ? - Réflexions Nord Pas de Calais décentralisation réforme territoriale

Le résultat du premier tour des élections départementales est globalement conforme aux attentes.
Il aura constitué, plus fortement encore que les dernières municipales et comme la plupart, désormais, des scrutins locaux, un vote sanction contre le gouvernement. Il aura, malgré un très léger regain de participation, été un scrutin très faiblement mobilisateur.

Le débat politique s'est ainsi une nouvelle fois centré sur des problématiques nationales, les références aux départements et à leurs enjeux propres en ayant été totalement absents.

Pourquoi ?

- D'abord parce que le débat s'est concentré et a été concentré sur le front national.
Fait politique certainement marquant, ce parti "attrape-tout" a été le réceptacle de nombreux mécontentements face à l'impuissance publique et à l'absence de projet au niveau national. Or, le front national n'a pas, ou peu, de projets spécifiques aux collectivités locales où il se porte candidat. La plupart de ses thèmes, hormis la volonté de réduction des dépenses publiques, et l'accent mis sur l'ordre public s'agissant des communes, ne relèvent pas de la sphère d'action publique locale.

Le débat s'est donc résumé à un débat pour ou contre le FN et le corpus de valeurs qu'il représente dans le débat public national, faisant fi de tout enjeu local, comme l'attestent notamment les prises de position de Manuel Valls.

- Ensuite parce qu'on ne sait plus à quoi servent les départements. Le grand bazar territorial engagé par le gouvernement aura conduit à mettre en doute l'existence des départements. Les compétences qu'ils vont exercer sont encore, à la date du 1er tour des élections, en cours de discussion au Parlement dans le cadre de la loi "NOTRe" ! Les candidats ont donc choisi de nous parler d'autre chose (du débat national), et parfois, d'évoquer des politiques qui pourraient ne plus être demain de la compétence des départements (cf. Michel Dagbert au cours de la soirée électorale de France 3 sur les transports scolaires "qui pourraient être délégués par la Région au Département...)

Distributeurs d'aide sociale, encadrés par des textes nationaux, étouffés financièrement, les Départements ne sont plus, à vrai dire, des lieux de construction de politiques publiques qu'ils ont pu être autrefois.

Résultat, une participation certes légèrement plus forte qu'au cours du dernier renouvellement de 2011, mais très faible au regard des moyennes de participation aux cantonales sur les 50 dernières années.

- Enfin, du fait du nouveau mode de scrutin : surtout en zone rurale, les élections cantonales se focalisaient sur les conseillers généraux, notables installés et connus de la population. Le nouveau mode de scrutin aura brouillé les cartes en imposant des cantons plus grands, redécoupés, ayant certainement encore moins de pertinence géographique que les précédents. Des candidats, donc, plus fortement méconnus des électeurs et une moindre prime aux sortants.

La droite remportera donc dimanche le Département du Nord comme en 1992, la gauche ayant encore une chance de se maintenir à la tête du Pas de Calais, avec un FN qui s'implante durablement dans le paysage partout dans notre Région.

Des résultats dont il faudra tenir compte en vue des prochaines régionales de décembre...